Je ne suis pas de celles et ceux qui ont vécu le 10 mai 1981. Je n’étais pas né lorsque le visage de François Mitterrand s’est affiché sur les écrans de télévision, suscitant un mouvement de joie populaire rare en politique. Pourtant, comme beaucoup d’autres, je mesure la force qu’a eu cet événement, et les années qui suivirent, pour notre pays.
Forte hausse du salaire minimum et de nombreuses prestations sociales, abolition de la peine de mort, cinquième semaine de congés payés, liberté des médias, politique culturelle…Il y eu de véritables ruptures politiques par rapport au passé, porteuses d’améliorations de la vie pour de nombreuses françaises et de nombreux français, au sein des catégories populaires et moyennes.
Et même si un certain nombre de mesures, économiques notamment, je pense aux vagues de nationalisations dans l’industrie et la banque, ne purent résister aux contraintes d’une économie mondialisée, l’héritage politique des mois qui suivirent mai 1981 est immense. Ne serait-ce aussi car cela nous permet de comprendre les raisons de ce qui n’a pas marché, pour progresser la fois suivante.
Car c’est bien la question qui est posée aujourd’hui à celles et ceux, qui comme en 1981, veulent rompre avec un système économique qui laisse tant de personnes de côté. Comment construire une dynamique politique suffisamment puissante, d’abord pour accéder au pouvoir, et ensuite l’exercer, efficacement.
Cette question est posée aux écologistes et à la gauche, dans l’optique des élections présidentielle et législatives de l’an prochain. Avec au coeur du projet, l’impératif écologique, évidemment. Agir pour préserver notre environnement, mieux répartir les richesses entre les êtres humains, donner la parole à chacune et chacun d’où qu’elle ou il vienne, pour participer à ce défi de société.
Saurons-nous nous rassembler, pour réussir ? Je l’espère, et je ferai, à ma modeste place, tout pour y contribuer. Aujourd’hui, il faut bien le reconnaître, et contrairement à 1981, aucune personnalité ne se dégage comme ce fut le cas de Mitterrand à l’époque, pour incarner ce chemin politique. Mitterrand, qui dès les années 1960 comprend l’impératif du rapprochement des partis de gauche pour construire la victoire. Il fallu tant d’années pour y parvenir. Mitterrand, véritable personnage de roman, sur lequel tant a été dit, sur les parts de lumière comme les parts d’ombre, demeure assurément une source d’inspiration.
Le monde de 2022 a beaucoup changé par rapport à celui de 1981, par exemple dans sa plus grande horizontalité des processus de décision et d’influence, à rebours des décennies plus lointaines où l’obéissance au chef, au leader, était sans doute plus prononcé. Il n’empêche : l’exigence de victoire aux élections présidentielle et législatives est la même. Il y a urgence. Si les écologistes et la gauche n’ont pas trouvé leur Mitterrand.e, elle et ils ont tout de même la responsabilité de dégager une candidature commune pour espérer l’emporter. La victoire n’en sera que plus belle, car plus collective. Serons-nous au rendez-vous ? Je le crois, parce que je l’espère.