Notre système économique produit des quantités croissantes de déchets que nous devons impérativement réduire et valoriser dans les filières de l’économie circulaire, notamment celle du réemploi solidaire pourvoyeur d’emplois locaux et de lien social. Les collectivités locales l’ont compris et soutiennent ce virage. Mais sous la présidence Macron, elles sont restées bien seules.
Voici plus de 100 ans que nous avons trouvé dans l’enfouissement et l’incinération le moyen de gérer les quantités de déchets grandissantes que nous produisons à mesure que nous consommons. Aujourd’hui, les poubelles débordent : chaque français.e produit en moyenne 4 tonnes de déchets par an, l’équivalent du poids de quatre voitures !
Pourtant nous savons que nous ne pouvons plus nous permettre de gaspiller les ressources de notre planète. Enfouir et brûler des déchets, c’est faire disparaître des matières et matériaux qui ont mis jusqu’à des milliers d’années à se constituer, et c’est se priver de ressources ou d’objets que nous savons maintenant réutiliser, en les réemployant ou les réparant.
Avec l’économie circulaire, nos déchets deviennent de nouvelles matières premières, indispensables puisque les ressources naturelles deviennent, elles, de plus en plus rares.
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Le réemploi au cœur de l’économie circulaire
Dans le bouquet de solutions qu’offre l’économie circulaire, le réemploi présente l’empreinte écologique la plus faible, et joue donc un rôle important en prolongeant la durée de vie de centaines de milliers d’objets. Ce peut être le cas pour nos vêtements, nos équipements électroniques, le matériel informatique, nos jouets et bien plus encore, qui, au lieu de finir à la poubelle et détruits, sont remis en état et trouvent de nouveaux utilisateurs.
En offrant une alternative au jetable, les actrices et acteurs du réemploi sont au cœur de la transition écologique des territoires dont nous avons besoin. Signe des temps qui changent, on voit d’ailleurs fleurir des programmes de réemploi et de réparation dans bon nombre de grandes enseignes, et les jeunes générations remettent de plus en plus en question le modèle de surconsommation qui sature la société dans laquelle ils vivent.
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Le sens du réemploi solidaire
Ces activités de réemploi prennent un sens tout particulier lorsqu’elles sont également le vecteur d’une solidarité locale. On parle alors de réemploi solidaire. A Paris, il s’incarne notamment dans ces lieux animés par des bénévoles, ouverts sur le quartier et riches d’une mixité sociale et générationnelle, que sont les ressourceries et recycleries.
Les déchets y sont ici des ressources et constituent la matière première d’un artisanat d’un nouveau genre. On y vient discuter, déposer des objets dont on a plus l’utilité, chiner, s’équiper à bas prix, se former sur des techniques de réparation, et plus encore… On y sort en ayant déconstruit les grands principes de la culture écrasante de la surconsommation.
Le bilan économique du réemploi solidaire est d’autant plus convaincant qu’il permet de créer de nombreux emplois locaux.
« la gestion de 10 000 tonnes de déchets ne permet de générer qu’un emploi s’ils sont enfouis, 3 emplois s’ils sont incinérés, 31 emplois s’ils sont recyclés, 550 emplois s’ils sont réemployés »
Un chiffre simple l’illustre à merveille : aujourd’hui, la gestion de 10 000 tonnes de déchets ne permettrait de générer qu’1 emploi s’ils étaient enfouis, 3 emplois s’ils étaient incinérés, 31 emplois s’ils étaient recyclés, contre 550 emplois sur le territoire s’ils sont réemployés. La différence est donc éclatante, et ce d’autant plus que ces métiers créés qui n’existent pas dans l’économie du tout jetable sont adaptés à des personnes éloignées de l’emploi en réinsertion.
Ces activités, menées par des associations mais aussi des entreprises de l’économie sociale et solidaire, représentent une véritable richesse pour les territoires qui les accueillent. C’est pourquoi à Paris, nous mettons en œuvre une politique volontariste pour donner une seconde vie au réemploi solidaire en accompagnant son développement.
Permettre l’ouverture de ressourceries et recycleries dans chaque arrondissement, accompagner les entreprises de l’économie solidaire et circulaire investies dans le secteur, impulser la création de lieux de massification pour pouvoir récupérer, réparer et réutiliser toujours plus d’objets, développer la formation et les compétences dans les métiers du réemploi et de la réparation… Tout est mis en œuvre pour enclencher un véritable changement d’échelle du réemploi solidaire à Paris. Il s’agit de créer et relocaliser des activités artisanales et sociales dans l’économie circulaire mais aussi petites manufactures de production à partir de matériaux et pièces détachées collectés et remis en état.
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Des collectivités locales exsangues
Mais le changement d’échelle de cette économie circulaire de proximité se heurte à une difficulté majeure. On ne développera pas des filières locales de réemploi sans donner aux collectivités territoriales les véritables moyens de soutenir les structures qui les portent.
Les villes et les régions s’engagent fortement pour soutenir les réseaux de ressourceries/recycleries, ainsi que l’émergence de projets de réemploi dans l’économie sociale et solidaire. Mais leurs marges de manœuvre budgétaire sont inexistantes, en raison du vaste mouvement de recentralisation budgétaire et fiscal de l’État qui s’opère sous la présidence Macron.
Le symbole de cette politique de recentralisation, c’est la suppression progressive de la taxe d’habitation, impôt calibré et encaissé par les villes, tout en comprimant les dotations générales de fonctionnement versées par l’Etat aux collectivités. Conséquence : les finances locales sont étranglées.
Bien d’autres réformes fiscales auraient pu être imaginées pour donner davantage de pouvoir d’achat aux catégories moyennes et populaires, tout en permettant un virage écologique de l’économie. Mais affaiblir les collectivités locales alors que nous aurions besoin d’amplifier la décentralisation pour relocaliser les économies à l’heure de la crise écologique, c’est un contresens historique et politique !
Dans ce contexte, la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire ne constitue pas véritablement un progrès. Certes, elle prévoit le financement du réemploi solidaire en utilisant une partie des éco-contributions versées par les industriels et les distributeurs qui proposent à la vente les produits neufs. Mais quelle sera la mise en œuvre concrète de ce dispositif ? Sera-t-elle locale ?
Au regard du fort décalage observé sous la présidence Macron entre les déclarations d’intention et les dispositifs concrets en faveur de l’écologie, nous sommes une fois de plus en droit d’être très inquiets pour la suite.