Montparnasse : les impasses de la shopping city

Le devenir du quartier Montparnasse est un enjeu majeur d’urbanisme pour le 14ème arrondissement et pour Paris. Voire même, un enjeu métropolitain, tant les flux de populations y sont importants. Il est en effet des quartiers où celles et ceux qui y habitent sont moins nombreux que celles et ceux qui y passent. Flux de voyageurs fréquentant la 4ème gare de France et les nombreuses lignes de métro et trains régionaux qui y passent, salariés travaillant dans les immeubles de la fameuse tour et dans les bâtiments aux alentours, touristes et francilienn-e-s fréquentant les centres commerciaux, restaurants, cafés, théâtres, cinémas…Chaque jour, quelques centaines de milliers de personnes passent à Montparnasse.

Dès lors, la double question à la base de tout projet d’urbanisme se complexifie : qui fait la ville, et pour qui ?

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Quel avenir pour EELV ?

Tout vient d’une conviction et d’un constat : nous restons la force politique porteuse de l’écologie en France, mais nous devons sortir de la spirale de l’échec.

Ma conviction est qu’il nous faut reconstruire un mouvement écolo fort. La prise de conscience écologique progresse dans les programmes politiques des partis de gauche mais sans remise en cause réelle de la croissance. Nous pouvons être, nous devons être le parti de la post-croissance capable de donner un débouché politique à toutes les personnes, et à toutes les initiatives, associatives, syndicales, locales ou nationales qui se reconnaissent dans le projet de société de l’écologie politique. Pour paraphraser Naomi Klein, tout peut changer et tout doit changer !

Aujourd’hui EELV doit tourner la page de la séquence écoulée et nous devons tirer les leçons de nos échecs. La présidentielle est le dernier en date : que ce soit du point de vue électoral ou même en terme de confiance, l’alliance avec Benoît Hamon a été un échec. Nous n’avons même pas été remboursés des 200 000 euros que nous devions toucher en échange du retrait de Yannick Jadot. Pourtant, notre espace politique existe toujours. Il nous a permis de résister aux législatives. C’est sur ce socle que doit se centrer la reconstruction de notre parti écolo en vue des échéances de 2019 et 2020 : les européennes et les municipales. Global, local, EELV doit être au rendez-vous.

Pour les temps à venir, pour exister à nouveau fortement dans le paysage politique chamboulé de l’après présidentielle et législatives, nous avons besoin d’un cap. Chacun-e a sa vision de ce que peut être ce cap. C’est tout l’intérêt d’un congrès des écologistes : en débattre et en décider. Dans la clarté des positions de chacun-e.

A mon sens, une nouvelle dynamique d’EELV n’est possible que si nous envoyons un signal clair qui fera dire : oui les écolos prennent un nouveau départ, oui ils savent où ils vont.

Le congrès est le bon outil pour envoyer ce message de clarification politique. Certes le congrès comme toute délibération démocratique produit du clivage.

Mais nous pouvons réussir un congrès utile, avec des motions reflétant de réels clivages de fond et de stratégie, et non simplement des antagonismes de personnes. Cela ne dépend que de nous. Certain-e-s écolos pensent à un rapprochement avec le mouvement de Benoît Hamon. C’est tout à fait respectable, mais en ce qui me concerne, je dis que ce serait une erreur, pour les raisons électorales et de confiance évoquées plus haut, mais aussi parce que le M1717 n’a pas rompu avec le parti socialiste. En tant qu’élu à Paris, je le vois bien : les hamonistes soutiennent sans réserve Anne Hidalgo alors que nous écolos, portons clairement une parole spécifique au sein de la majorité municipale, régulièrement critique des orientations de la Maire de Paris, encore récemment à propos de la candidature de Paris pour les Jeux Olympiques. D’autres défendent peut-être un dialogue privilégié avec la France Insoumise. Ce n’est pas mon cas. Notre écologie est plus décentralisée, et ne dépend pas de la figure de l’homme providentiel. Aujourd’hui, notre parti doit sortir du suivisme et redevenir attractif !

Nous devons continuer à discuter avec tous ces mouvements politiques, dans un état d’esprit ouvert et bienveillant  mais sans nous laisser dévier de notre trajectoire de refondation. Nous avons du temps d’ici aux prochaines élections, prenons ce temps pour clarifier nos orientations, revenir sur le devant de la scène politique. Nous serons utiles en étant forts et autonomes.

Le parti vert a encore un avenir. Nous sommes affaiblis mais nous avons encore de réelles forces : des militant-e-s présents sur tout le territoire, une identité écolo reconnue dans l’opinion. Sur ce socle, à partir de ce que nous sommes aujourd’hui, nous pouvons construire les victoires de l’écologie politique de demain.

 

Saint-Vincent-de-Paul : un nouveau pôle de l’économie solidaire à Paris

Depuis quelques mois, le site de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul commence à regagner des habitantes et habitants. Grâce à l’action conjointe de l’association Aurore, gestionnaire du site, et de Plateau Urbain, qui fait office d’agent immobilier, en lien avec les mairies de Paris et du 14ème arrondissement, de multiples structures se sont installées dans des bâtiments trop longtemps restés vides.

Particularité de ces locataires? Ce sont majoritairement des acteurs de l’économie sociale et solidaire, qui peuvent s’installer ici à un prix accessible grâce au travail de l’association Plateau Urbain, qui leur propose des baux précaires en occupation temporaire, comme l’explique très bien le journal Libération.

Une nouvelle dynamique au nord du 14ème

Conséquence? Une dynamique solidaire et écologique est en train de se développer au nord du 14ème, dans un quartier pourtant très enclavé derrière de hauts murs. Cohabitent en effet sur le site des acteurs de la solidarité comme Aurore, Nova Donna où les Enfants du canal, qui viennent en aide à des personnes en situation de grande précarité. Des associations travaillant sur la récupération et le recyclage, telles Rejoué, la ressourcerie créative, ou encore Carton Plein. Des ateliers d’artistes et de sérigraphie, un espace de co-working, une école pour entrepreneurs sociaux (les Alchimistes), des centres de formation et de loisirs axés sur les questions environnementales et numériques (Les petits débrouillards, l’Esprit sorcier)…et la liste est encore longue!

Les locaux de l'association Carton Plein, lors de la visite d'E.Cosse, vice-présidente du Conseil Régional d'Île-de-France, chargée du logement et de la rénovation urbaine.
Les locaux de l’association Carton Plein, lors de la visite d’E.Cosse, vice-présidente du Conseil Régional d’Île-de-France, chargée du logement et de la rénovation urbaine.

Pour le 14ème arrondissement, c’est une chance que de pouvoir bénéficier d’une telle émulation, d’autant plus que le collectif Yes We Camp, présent sur place, a commencé à aménager les espaces extérieurs, et propose des lieux de convivialité ouverts à tous, notamment un café associatif, le tout dans le cadre d’un projet intitulé « Les Grands Voisins ».

Une opportunité de rendre l’urbanisme plus participatif

Tous ces acteurs vont venir enrichir la réflexion collective sur le futur écoquartier Saint-Vincent-de-Paul, de par leur connaissance des questions sociales et environnementales, et de par leur culture de l’implication citoyenne. C’est donc l’occasion de rendre accessible à la population un certain nombre de questions liées à l’aménagement d’un quartier, et d’impliquer étroitement les habitantes et habitants sur un projet de ville, comme je l’expliquais dans un précédent article.

Pôle de solidarité contre pôle de compétitivité

C’est pour toutes ces raisons que l’on pourrait qualifier Saint-Vincent-de-Paul de véritable pôle écologique et solidaire, en opposition à l’idée de « pôle de compétitivité », si à la mode aujourd’hui. Dans une économie particulièrement dérégulée et mondialisée, les territoires sont en effet en concurrence pour attirer les entreprises. Ce qui a deux conséquences : les phénomènes de dumping sociaux et fiscaux (pressions à la baisse sur les salaires des travailleurs et les taux d’imposition), et volonté de constituer des territoires spécialisés dans certains secteurs de production, capables de fabriquer des produits qui seront leaders sur les marchés mondiaux. L’idée de ces pôles de compétitivité est donc de concentrer de multiples ressources sur une même zone géographique (universités, centres de recherche, entreprises, infrastructures de transport et de communication…) pour aboutir à cet unique objectif : vendre toujours plus de marchandises.

Un des ateliers d'artistes de St-Vincent-de-Paul.
Un des ateliers d’artistes de St-Vincent-de-Paul.

À la logique de la compétitivité, il est nécessaire d’opposer celle de la solidarité, et de mettre en place des pôles d’activités alternatifs, pleinement respectueux des êtres humains et de l’environnement, qui inscrivent leurs actions dans le territoire où ils sont implantés. Ce territoire n’est alors plus considéré comme un simple support d’une économie hyper-marchande, mais comme un écosystème où du lien social se tisse.

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